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les mille nuits et une nuit

se lever de leur place et à sortir de la salle, loin de ses yeux. Et il leur signifia qu’il ne voulait plus les revoir désormais, ni même sentir leur odeur. Et elles se levèrent, à l’heure et à l’instant, et s’en allèrent hors de sa présence, avec leurs époux, honteuses, humiliées et dégoûtantes. Et voilà pour elles !

Mais pour ce qui est de la princesse merveilleuse et du prince Schater-Môhammad, son époux, ils restèrent seuls dans la salle avec le sultan, qui les embrassa et les serra contre son cœur avec effusion, et leur dit : « Vous seuls êtes mes enfants ! » Et il voulût à l’instant écrire le trône au nom de son fils le petit, et fît réunir les émirs et les vizirs, et écrivit devant eux le trône sur la tête de Schater-Môhammad, comme héritage et succession, à l’exclusion de ses autres héritiers. Et il leur dit à tous deux : « Je souhaite que désormais vous habitiez avec moi, dans le palais, car sans vous je mourrais certainement. » Et ils répondirent : « Ouïr c’est obéir ! Et ton désir est sur notre tête et notre œil ! »

Et la princesse merveilleuse, pour ne plus être tentée de revêtir sa forme de tortue, qui risquait de donner quelque émotion désagréable au vieux sultan, donna l’ordre à sa servante de lui apporter la carapace qu’elle avait laissée à la maison. Et lorsqu’elle eut la carapace entre les mains, elle la brûla et la consuma. Et dès lors elle resta toujours sous sa forme de princesse. Et gloire à Allah qui l’a dotée d’un corps sans défaut, un émerveillement pour les yeux !

Et le Rétributeur continua à les combler de Ses grâces et leur accorda beaucoup d’enfants. Et ils vécurent contents et prospérant.