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les séances charmantes… (le fils du roi…)
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moment, tous les grains de riz se changèrent en perles, qui coulèrent le long des beaux cheveux de la princesse, et s’éparpillèrent autour d’elle et tombèrent sur le sol avec un bruit merveilleux.

Et, avant que les assistants fussent revenus de leur surprise devant un prodige si admirable, la princesse prit une grande soupière qui contenait un potage vert et épais de mouloukhia, et se le versa tel quel sur la tête. Et le potage vert se transforma aussitôt en une infinité d’émeraudes de la plus belle eau, qui coulèrent le long de ses cheveux et de ses habits, et allèrent s’éparpiller autour d’elle, en mélangeant leurs belles couleurs vertes aux blancheurs pures des perles, sur le sol.

Et la vue de ces prodiges émerveilla à l’extrême le sultan et les convives. Et les servantes s’empressèrent d’apporter sur la nappe du festin d’autres plateaux de riz et de potage au mouloukhia. Et les deux autres princesses, devenues bien jaunes de jalousie, ne voulurent point rester si effacées par le succès de leur belle-sœur, et prirent à leur tour les plats de mets. Et l’aînée prit le plat de riz, et la seconde le plat de potage vert. Et elles se les versèrent chacune sur sa propre tête. Et le riz resta riz sur les cheveux de l’une, et se colla horriblement sur sa tête qu’il beurra. Et le potage vert resta potage, et coula sur les cheveux et la tête et les habits de la seconde, en la revêtant tout entière d’une couche verte, semblable à de la bouse de vache, gluante et horrible extrêmement.

Et le sultan, à cette vue, fut dégoûté à la limite du dégoût, et cria à ses deux brus aînées d’avoir à