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les mille nuits et une nuit

Et voici qu’une première équipe de coureurs apparut sur le meidân, annonçant l’arrivée de l’épouse du prince Schater-Môhammad. Et bientôt on vit quatre beaux saïs vêtus de brocart et de splendides tuniques à manches traînantes s’avancer, leur longue baguette à la main, en criant : « Place à la fille des rois ! » Et le palanquin, recouvert d’étoffes précieuses aux belles couleurs, apparut porté sur les épaules des nègres noirs, et vint s’arrêter au pied des marches de l’entrée. Et il en sortit une princesse vêtue de splendeur et de beauté, que personne ne connaissait. Et, comme on s’attendait à voir également descendre la tortue, on crut que cette princesse était la dame d’honneur. Mais quand on vit qu’elle montait seule l’escalier, et que le palanquin s’éloignait, on fut bien obligé de reconnaître en elle l’épouse de Schater-Môhammad, et de la recevoir avec tous les honneurs dus à son rang et avec toute la cordialité désirable. Et le cœur du sultan se dilata d’aise à la vue de sa beauté, de sa grâce, de son tact, de ses belles manières et de tout le charme qui se dégageait d’elle et du moindre de ses gestes ou mouvements.

Et, comme le moment était venu de se rendre au festin, le sultan invita ses fils et les épouses de ses fils à prendre place autour de lui et de la sultane. Et l’on commença le repas.

Or, le premier mets servi sur le plateau fut, suivant l’usage, un grand plat de riz gonflé au beurre. Mais, avant que personne eût eu le temps d’en prendre une bouchée, la belle princesse le souleva et le versa tout entier sur ses cheveux. Et, au même