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Les séances charmantes… (le fils du roi...)
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quelques rots qui partaient du fond de son estomac satisfait. Et, à la limite de l’aise et du bien-être, il remercia le Rétributeur de Ses bienfaits, disant : « Al Gamdou lillah ! »

Et il ne sut comment exprimer à son fils, le petit, la satisfaction qu’il avait des mets cuisinés par la grosse tortue son épouse. Et Schater-Môhammad accepta les félicitations avec modestie, pour ne point rendre ses frères jaloux et les indisposer contre lui. Et il dit à son père : « Ce n’est là, ô père, qu’une partie des talents de mon épouse ! Mais, si Allah veut, un jour viendra où il lui sera donné de mieux mériter tes compliments ! » Et il le pria, du moment qu’il était satisfait, d’accepter qu’à l’avenir ce fût la tortue qui restât seule chargée de lui fournir les plateaux de mets, tous les jours. Et le sultan accepta, en disant : « De tout cœur paternel et affectueux, ô mon enfant ! »

Et, à ce régime, il se rétablit complètement. Et ses yeux guérirent également.

Et, pour fêter sa guérison et le retour de sa vue, le sultan donna une grande fête au palais, avec un festin magnifique auquel il convia ses trois fils avec leurs épouses. Et les princesses se préparèrent de leur mieux à paraître devant le sultan, de manière à faire honneur à leurs époux et à blanchir leur visage devant leur père.

Et la grosse tortue se prépara également à blanchir le visage de son époux en public, par la beauté de sa mise et l’élégance de son habillement. Et, lorsqu’elle se fut parée comme elle voulait, elle envoya sa servante de confiance auprès de sa belle-sœur, la grande,