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les rencontres d’al-rachid… (la jument…)
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vis réellement du souffle de ton Créateur ? Attends-tu donc, pour connaître les avantages de nos adolescentes, que les années t’aient rendu impotent et bon tout au plus à voir sans pouvoir ? »

À ces pensées toutes naturelles, qui se présentaient à mon esprit pour la première fois, je n’hésitai plus à suivre les sollicitations de mon âme — vu que l’âme est chère et que tous ses souhaits méritent d’être satisfaits. Mais comme je ne connaissais point de femmes marieuses qui pussent me trouver une épouse parmi les filles des notables de mon quartier et des riches marchands du souk, et que d’ailleurs j’étais bien résolu à me marier en connaissance de cause, c’est-à-dire en me rendant compte par mes propres yeux des charmes et des qualités de mon épouse, et en ne suivant pas la coutume qui veut qu’on ne connaisse le visage de l’épousée que seulement après l’écriture du contrat et les cérémonies du mariage, je me décidai à choisir mon épouse simplement parmi les belles esclaves que l’on vend et que l’on achète. Et je sortis immédiatement de ma maison et me dirigeai vers le souk des esclaves, en me disant : « Ya Sidi Némân, ta résolution est excellente de prendre épouse parmi les adolescentes esclaves, au lieu de rechercher une alliance avec les filles notables. Car tu éludes de la sorte bien des ennuis et bien des tracas, non seulement en évitant d’avoir sur ton dos la nouvelle famille de ton épouse, et sur ton estomac les regards continuellement ennemis de la mère de ton épouse, une vieille calamiteuse certainement, et sur tes épaules le fardeau des frères, grands et petits, de ton épouse, et des