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les séances charmantes… (le fils du roi…)
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s’empressèrent autour de lui, et l’aspergèrent d’eau de roses, et l’éventèrent et réussirent à lui faire reprendre connaissance. Et alors, se rappelant la cause de son malaise, il ne put s’empêcher de laisser éclater sa colère contre sa bru et de l’accabler de malédictions.

Et, au bout d’un certain temps, on parvint à le calmer, et on fit tant et tant qu’on le décida à goûter au second plateau. Mais dès qu’on l’eut découvert, une odeur atroce et fétide remplit la salle, comme si on venait d’y brûler la fiente de toutes les volailles de la ville. Et cette odeur pénétra dans la gorge, dans le nez et dans les yeux malades du malheureux sultan, qui pensa que cette fois il allait devenir tout à fait aveugle, et mourir. Mais on se hâta d’ouvrir les fenêtres et d’enlever le plateau, cause de tout le mal, et de brûler de l’encens et du benjoin pour purifier l’air et combattre la mauvaise odeur.

Et quand le dégoûté sultan eut quelque peu respiré le bon air et qu’il put parler, il s’écria : « Quel mal ai-je donc fait à vos épouses, ô mes enfants, pour qu’elles maltraitent de la sorte un vieillard, et creusent sa tombe de son vivant ? C’est là un crime punissable chez Allah ! » Et les deux princes, époux de celles qui avaient préparé les plateaux, firent de bien gros nez, et répondirent que c’était là une affaire qui dépassait l’entendement.

Et, sur ces entrefaites, le jeune prince Schater-Môhammad vint baiser la main de son père, et le supplia d’oublier ses sensations désagréables, pour ne songer qu’au plaisir qu’il allait avoir du fait du troisième plateau. Et le sultan, entendant cela, fut