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les mille nuits et une nuit

revint porter cette réponse à sa maîtresse, la tortue.

Alors la tortue se mit à rire ; et elle se convulsa de joie. Et elle envoya sa servante de confiance à l’épouse du second fils du roi, avec mission de lui demander toute la fiente de poules et de pigeons qu’elle avait sous la main, sous prétexte que, elle tortue, en avait un pressant besoin pour en saupoudrer les mets qu’elle préparait pour le sultan. Mais la servante revint vers sa maîtresse avec rien dans la main, et avec des propos désobligeants sur la langue, de la part de l’épouse de Schater-Hôssein. Et la tortue, de ne voir rien sur la main de sa servante, et d’entendre les propos désobligeants qu’elle portait sur sa langue de la part de l’épouse du second fils du sultan, se trémoussa d’aise et de contentement, et se mit à rire tellement qu’elle se renversa sur son derrière.

Après quoi elle prépara les mets, suivant ses connaissances, les rangea sur le plateau, couvrit le plateau d’un couvercle en osier, et recouvrit le tout d’un foulard de lin parfumé à la rose. Et elle envoya sa servante fidèle porter le plateau au sultan, tandis que de leur côté les deux autres épouses des princes faisaient porter les leurs par des esclaves.

Et donc arriva le moment du repas ; et le sultan s’assit devant les trois plateaux ; mais, dès que l’on eut enlevé le couvercle du plateau de la première princesse, une odeur se dégagea infecte et nauséabonde de crottin de rat, capable d’asphyxier l’éléphant. Et le sultan fut si désagréablement affecté, quant à son odorat, que la tête lui tourna et qu’il tomba évanoui, les pieds sous le menton. Et ses fils