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les mille nuits et une nuit

cée par la corde violemment débandée, s’envola dans les airs et alla tomber sur la demeure d’un grand seigneur.

Et, à son tour, le second fils du roi lança sa flèche, qui alla tomber sur la terrasse du chef principal des troupes du royaume.

Et le troisième fils du roi, qui était le prince Schater-Môhammad, lança sa flèche dans la direction où il se trouvait tourné. Et la flèche alla tomber sur une maison dont on ne connaissait pas le propriétaire. Et l’on alla visiter les trois maisons en question. Et il se trouva que la fille du grand seigneur et la fille du chef de l’armée étaient deux adolescentes comme des lunes. Et leurs parents furent à la limite de l’épanouissement de les marier aux deux fils du roi. Mais quand on alla visiter la troisième maison, qui était celle où était tombée la flèche de Schater-Môhammad, on s’aperçut qu’elle n’était habitée que par une grosse tortue solitaire.

Et le sultan, père de Schater-Môhammad, et les vizirs et les émirs et les chambellans virent la grosse tortue, qui vivait toute seule dans cette maison, et s’en étonnèrent prodigieusement. Mais comme il n’y avait pas à songer un instant à la donner comme épouse au prince Schater-Môhammad, le sultan décida qu’il fallait recommencer l’expérience. Et, en conséquence, le jeune prince remonta sur la terrasse, portant sur son épaule son arc et son carquois, et, devant toute l’assistance, il lança une seconde flèche sur sa chance. Et la flèche, conduite par la destinée, alla tomber précisément sur la maison habitée par la grosse tortue solitaire.