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les séances charmantes… (le fils du roi…)
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délicate ! » Puis il ajouta : « La chance et la malechance sont dans l’invisible ; et nul ne saurait forcer les décrets de la destinée. C’est pourquoi mon idée est que les trois fils de notre maître le roi laissent à leur destinée le choix de leurs épouses. Et, pour cela, ce que les trois princes ont de mieux à faire, c’est de monter sur la terrasse du palais, avec leur arc et leurs flèches. Et là on leur bandera les yeux, et on les fera tourner sur eux-mêmes plusieurs fois. Après quoi, chacun d’eux tirera une flèche dans la direction où il se trouvera arrêté. Et les maisons sur lesquelles tomberont les flèches seront visitées ; et notre maître le sultan appellera le propriétaire de chacune de ces maisons et lui demandera sa fille en mariage pour le prince propriétaire de la flèche, vu que la jeune fille aura été écrite de la sorte sur sa chance par la destinée. »

Lorsque le sultan eut entendu ces paroles de son vizir, il lui dit : « Ô mon vizir, ton conseil est un excellent conseil, et ton avis est agréé. » Et il fit aussitôt appeler ses trois fils, qui revenaient de la chasse, leur fit part de l’arrangement décidé à leur sujet entre lui et le vizir, et monta avec eux sur la terrasse du palais, suivi de ses vizirs et de tous ses dignitaires.

Et les trois princes qui étaient montés sur la terrasse, portant leur arc et leur carquois, choisirent chacun une flèche et tendirent leur arc. Et on leur banda les yeux.

Et, le premier, le fils aîné du roi, après qu’on l’eût fait tourner sur lui-même, pointa sa flèche dans la direction où il se trouvait tourné. Et la flèche, lan-