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les mille nuits et une nuit

— À ce moment de Sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT QUATRE-VINGT-CINQUIÈME NUIT

Elle dit :

… Mais pour ce qui est du bouc, il disparut. Et il n’y eut plus ni bouc, ni bel adolescent, ni odeur de bouc, ni vestige d’adolescent. Et la jeune princesse, l’ayant attendu en vain plusieurs jours et plusieurs nuits, comprit qu’il ne reparaîtrait plus, et elle devint triste, douloureuse, sanglotante et sans espoir.

Et elle vécut de la sorte pendant un certain espace de temps, dans les larmes continuelles et la consomption, refusant toute consolation et tout délassement. Et elle répondait à tous ceux qui essayaient de lui faire oublier son malheur : « C’est inutile, je suis la plus infortunée d’entre les créatures, et je mourrai certainement. »

Mais, avant que de mourir, elle voulut savoir par elle-même s’il existait, sur toute l’étendue de la terre d’Allah, une femme aussi abandonnée du sort qu’elle l’était elle-même, et aussi malheureuse. Et elle résolut d’abord de voyager et d’interroger toutes les femmes des villes où elle passerait. Puis elle abandonna cette première idée, pour faire construire à grands frais un hammam splendide qui n’avait pas son pareil dans tout le royaume de l’Inde. Et