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les mille nuits et une nuit

Aussi, quand le jeune cavalier passa sous les fenêtres du palais, en saluant le roi avec son djérid, comme le veut l’usage, les deux princesses lui jetèrent des regards chargés de haine. Mais la plus jeune, ayant reconnu en lui son propre époux, n’en lit rien paraître sur son visage, pour ne point trahir son secret ; mais elle prit une rose dans ses cheveux, et la lui jeta. Et le roi et la reine et ses sœurs virent cela, et en furent extrêmement formalisés.

Et le second jour, la joute eut encore lieu au meidân. Et de nouveau le bel adolescent inconnu fut le maître de la journée. Et, comme il passait sous les fenêtres du palais, la plus jeune des princesses lui jeta ostensiblement un jasmin, qu’elle avait pris dans ses cheveux. Et le roi et la reine et les deux sœurs virent cela et en furent extrêmement suffoqués. Et le roi dit en lui-même : « Voilà que maintenant cette fille éhontée déclare publiquement ses sentiments à un étranger, ne se contentant pas de nous avoir fait voir le monde en noir en épousant le bouc de perdition ! » Et la reine lui jeta des regards de travers. Et ses deux sœurs se secouèrent les vêtements d’horreur, en la regardant.

Et le troisième jour, quand le vainqueur de la dernière joute, qui était le même beau cavalier, eut passé sous les fenêtres du palais, la jeune princesse, épouse du bouc, prit à ses cheveux, pour la lui jeter, une fleur de tamarinier. Car elle n’avait pu se retenir, en voyant son époux si splendide.

À cette vue, la colère du sultan et l’indignation de la sultane et la fureur des deux sœurs éclatèrent avec violence. Et les yeux du sultan devinrent rou-