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les séances… (histoire du bouc…)
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au-dessus du meidân, tomba avec rapidité et en ligne droite sur les cornes du même bouc. Et le sultan, à la limite de la contrariété, tint pour non avenue ce second choix du sort, et fit recommencer l’épreuve à sa fille. Et le mouchoir, pour la troisième fois, voltigea quelque temps dans les airs, et alla se poser droit sur la tête cornue du bouc…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT QUATRE-VINGT-QUATRIÈME NUIT

Elle dit :

… Et le mouchoir, pour la troisième fois, voltigea quelque temps dans les airs, et alla se poser droit sur la tête cornue du bouc.

À cette vue, le dépit du sultan, père de la jeune fille, fut à ses limites extrêmes, et il s’écria : « Non, par Allah ! je préfère la voir vieillir vierge dans mon palais que de la voir devenir l’épouse d’un bouc immonde ! » Mais, à ces paroles de son père, la jeune fille se prit à pleurer ; et les larmes coulaient nombreuses sur ses joues ; et elle finit par dire, entre deux sanglots : « Puisque telle est ma destinée, ô père, pourquoi veux-tu l’empêcher de courir ? Pourquoi t’interposer entre moi et ma chance ? Ne sais-tu que chaque créature porte sa destinée attachée à son