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les mille nuits et une nuit

tume. Et voilà pour le désolé fils du roi, le consumé d’amour !

Quant à la tourterelle, elle venait tous les matins et tous les soirs se poser sur la fenêtre de son jeune époux, et roucoulait d’une voix mélancolique, longtemps, longtemps. Et le fils du roi trouvait que son roucoulement répondait à sa propre tristesse ; et il l’aima d’un grand amour. Et, un jour, voyant qu’elle ne s’envolait pas à son approche, il tendit la main et l’attrapa. Et elle se mit à frétiller entre ses mains, et à se secouer, en continuant de roucouler tristement. Et il se mit à la caresser délicatement, à lui lisser les plumes et à lui gratter la tête. Et voici qu’il sentit sous ses doigts, tandis qu’il lui grattait la tête, de petits objets durs comme des têtes d’épingle. Et il les retira délicatement, l’un après l’autre, de dessous la huppe. Et lorsqu’il eut retiré la dernière épingle, la tourterelle se secoua et redevint jeune fille. Et ils vécurent tous deux dans les délices, contents et prospérant. Et les deux méchantes sœurs moururent de jalousie et d’une rentrée de sang. Et Allah accorda aux amants de nombreux enfants, aussi beaux que leurs parents.

— Et Schahrazade, cette nuit-là, dit encore :