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les séances charmantes… (le bracelet…)
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fait venir auprès d’elle afin qu’elles partageassent sa joie et devinssent de grandes dames au palais, l’habillèrent et la coiffèrent. Et comme, confiante dans l’affection qu’elles lui montraient, elle leur avait révélé le secret et les vertus du petit pot d’albâtre, il ne leur fut pas difficile d’obtenir du pot magique toutes les robes, tous les atours et tous les bijoux qu’il fallait pour orner la nouvelle mariée comme jamais n’avait été ornée fille de roi ou de sultan. Et lorsqu’elles eurent fini de la coiffer, elles lui enfoncèrent dans ses beaux cheveux de grandes épingles de diamants, en forme d’aigrette.

Or, la dernière épingle venait à peine d’être mise en place que la jeune mariée se métamorphosa soudain en tourterelle avec une huppe sur la tête. Et elle s’envola à tire d’ailes par la fenêtre du palais.

Car les épingles que ses sœurs lui avaient enfoncées dans les cheveux étaient des épingles magiques, douées de ce pouvoir de transformer les jeunes filles en tourterelles.

Et c’était la jalousie des deux sœurs qui leur avait fait demander ces épingles-là au petit pot en albâtre.

Et les deux sœurs, qui, à ce moment-là, se trouvaient seules avec leur cadette, se gardèrent bien de raconter la vérité au fils du roi. Et elles se contentèrent de lui dire que leur sœur était sortie un moment, et qu’elle n’était plus rentrée. Et le fils du roi, ne la voyant pas reparaître, fit faire des recherches dans toute la ville et tout le royaume. Mais les recherches n’aboutirent à rien. Et la disparition de la jeune fille le plongea dans la consomption et l’amer-