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les séances charmantes… (le bracelet…)
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Or, le lendemain, les palefreniers menèrent les chevaux du fils du roi boire à l’abreuvoir, mais aucun des chevaux du fils du roi ne voulut s’approcher de l’abreuvoir. Et, tous ensemble, ils reculèrent effrayés, les naseaux dilatés et soufflant avec violence. Car ils avaient vu quelque chose qui brillait et lançait des étincelles au fond de l’eau. Et les palefreniers les firent de nouveau s’approcher de l’eau, en sifflant avec insistance, mais sans arriver à les convaincre ; car ils tiraient sur leur corde, en se cabrant et en ruant. Alors les palefreniers visitèrent l’abreuvoir, et y découvrirent le bracelet en diamants qu’avait laissé tomber de sa cheville la jeune fille.

Lorsque le fils du roi, qui, selon son habitude, assistait aux soins qu’on donnait à ses chevaux et à leur pansage, eut examiné le bracelet en diamants que venaient de lui remettre les palefreniers, il s’émerveilla de la finesse de la cheville qu’il devait enserrer, et il pensa : « Par la vie de ma tête ! il n’y a point de cheville de femme assez fine pour être contenue dans un si petit bracelet. » Et il le tourna dans tous les sens, et trouva que les pierres en étaient si belles que la moindre d’entre elles valait toutes les gemmes qui ornaient le diadème du roi son père. Et il se dit : « Par Allah ! il faut que je prenne comme épouse la propriétaire d’une cheville si charmante et la maîtresse de ce bracelet. » Et il alla, à l’heure et à l’instant, réveiller le roi son père, et lui montra le bracelet, en lui disant : « Je veux prendre pour épouse la propriétaire d’une cheville si charmante et la maîtresse de ce bracelet. » Et le roi lui répondit : « Ô mon fils, il n’y a point d’incon-