Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 14, trad Mardrus, 1903.djvu/175

Cette page a été validée par deux contributeurs.
les séances charmantes… (le bracelet…)
171

aujourd’hui telle et telle chose ! » Et aussitôt le petit pot d’albâtre lui procurait tout ce qu’elle avait demandé, en fait de belles robes et de sucreries. Et, toute seule avec elle-même, la jeune fille s’habillait de robes de soie et d’or, s’ornait de bijoux, se mettait des bagues à tous les doigts, des bracelets aux poignets et aux chevilles, et mangeait de délicieuses sucreries. Après quoi le petit pot d’albâtre faisait tout disparaître. Et la jeune fille le reprenait, et allait filer son lin, en présence de ses sœurs, le petit pot devant elle avec sa rose.

Et elle vécut de la sorte un certain espace de temps, pauvre devant ses sœurs jalouses, et riche devant elle-même.

Or, un jour d’entre les jours, le roi de la ville, à l’occasion de sa fête, donna de grandes réjouissances dans son palais, auxquelles furent invités tous les habitants. Et les trois jeunes filles furent également invitées. Et les deux sœurs aînées se parèrent de ce qu’elles avaient de mieux et dirent à leur petite sœur : « Toi, tu resteras ici pour garder la maison. »

Mais, dès qu’elles furent parties, la jeune fille alla dans sa chambre, et dit à son pot d’albâtre : « Ô mon petit pot, ce soir je veux de toi une robe en soie verte, une veste en soie rouge et un manteau en soie blanche, tout ce que tu as de plus riche et de plus charmant, et de belles bagues pour mes doigts, et des bracelets en turquoises pour mes poignets, et des bracelets en diamants pour mes chevilles. Et donne-moi aussi tout ce qu’il faut pour que je sois la plus belle au palais, ce soir. » Et elle eut tout ce qu’elle avait demandé. Et elle s’en para, et se