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les mille nuits et une nuit

commettre quelque action destructive. Et elle se mit à sa recherche, et finit par le trouver qui achevait d’aplatir les trois enfants, fils du propriétaire. Et, ayant vu cela, elle lui dit : « Vite, sauvons-nous, ô mon frère, vite, sauvons-nous ! Voilà encore ce que tu as fait ! Nous étions pourtant fort bien dans cette propriété ! Mais vite, sauvons-nous ! sauvons-nous ! » Et, l’ayant saisi par la main, elle l’obligea à prendre la fuite avec elle. Et, comme cela était dans sa pensée, il se laissa entraîner. Et ils partirent. Et quand le père des enfants fut rentré à la maison et, qu’ayant cherché ses enfants, il les eut retrouvés en pâtée sur l’aire, et qu’il eut appris la disparition du frère et de la sœur, il s’écria, en se tournant vers ses gens : « Il nous faut courir sus à ces deux méchants qui ont reconnu nos bienfaits et l’hospitalité en tuant mes trois enfants ! » Et ils s’armèrent terriblement de flèches et de gourdins, et poursuivirent le frère et la sœur, en prenant les mêmes sentiers qu’eux. Et, à la tombée de la nuit, ils arrivèrent à un arbre très grand et très haut, au pied duquel ils se couchèrent, pour attendre le jour.

Or, le frère et la sœur s’étaient précisément cachés au sommet de cet arbre. Et, à leur réveil, à l’aube, ils virent au pied de l’arbre tous les hommes qui les poursuivaient, et qui dormaient encore. Et le jeune garçon dit à sa sœur, en lui montrant le chef, père des trois enfants : « Tu vois ce grand-là qui dort ? Eh bien, je vais satisfaire mes besoins sur sa tête ! » Et la sœur se donna, dans sa terreur, un coup du revers de la main sur la bouche, et lui dit : « Ô notre perte sans recours ! Ne fais pas cela, ô mon