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les séances… (le jeune garçon…)
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ces maisons et les trouva, en suivant les traces des petits pieds de sa sœur. Et, les ayant trouvées, il les fit flamber, l’une après l’autre, contenant et contenu. Mais les propriétaires, l’œil hagard, s’armèrent de fourches et se mirent à la poursuite du frère et de la sœur, pour les tuer. Et la jeune fille, mourante de peur, lui dit : « Tu vois, ô mon frère, ce que tu as fait ! Sauvons-nous ! ah, sauvons-nous ! » Et ils prirent ensemble la fuite, livrant leurs jambes au vent.

Et ils coururent pendant un jour et une nuit, et réussirent à échapper de la sorte à ceux qui voulaient leur mort. Et ils arrivèrent à une belle propriété, où des laboureurs faisaient la moisson. Et, pour vivre, ils s’offrirent tous deux comme aides ; et, sur leur bonne mine, ils furent acceptés.

Or, quelques jours après, le jeune garçon s’étant vu seul à la maison avec les trois enfants du chef, leur fit mille caresses pour les apprivoiser, et leur dit : « Allons sur l’aire jouer au jeu du battage des grains ! » Et ils allèrent, tous les quatre, en se tenant par les mains, sur l’aire en question. Et le jeune garçon, pour commencer le jeu, se fit grain, le premier, et les enfants s’amusèrent à le battre, mais, toutefois, sans lui faire de mal, juste assez pour que le jeu comptât. Et ce fut à leur tour de devenir grains. Et ils se firent grains. Et le jeune garçon les battit, en tant que grains. Et il les battit si bien, qu’ils en devinrent une pâtée. Et ils moururent sur l’aire. Et voilà pour eux !

Mais pour ce qui est de la jeune fille, sœur du garçon, lorsqu’elle se fut aperçue de l’absence de son frère, elle pensa bien qu’il devait être en train de