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les mille nuits et une nuit

dans n’importe quelle circonstance de sa vie — puisse-t-elle être longue et prospère ! » Et, son épouse lui ayant fait cette promesse, en pleurant, il était mort heureux et ne souhaitant rien de plus.

Et la mère ne manqua pas de se conformer à la recommandation dernière de son époux, le défunt. Et, au bout d’un certain temps, elle se coucha pour mourir — Allah seul est l’éternel vivant ! — et appela sa fille, la sœur du garçon, et lui dit : « Ma fille, sache que ton défunt père — qu’il soit dans la miséricorde du Clément ! — m’a fait jurer, en mourant, de ne jamais contrarier les volontés de ton frère. Or, jure-moi à ton tour, afin que je meure tranquille, que tu suivras cette recommandation ! » Et la jeune fille en fit le serment à sa mère qui mourut contente, dans la paix de son Seigneur.

Or, dès que la mère fut enterrée, le jeune garçon alla trouver sa sœur et lui dit : « Écoute, ô fille de mon père et de ma mère ! Je veux, à l’heure et à l’instant, réunir dans la maison tout ce que possède notre main, en fait de meubles, de récoltes, de buffles, de chèvres, et, en un mot, tout ce que nous a laissé notre père, et brûler le contenant avec le contenu. » Et la jeune fille, pleine de stupeur, ouvrit de grands yeux, et s’écria, oubliant la recommandation : « Ô mon chéri, mais si tu fais cela, qu’allons-nous devenir ? » Et il répondit : « C’est comme ça ! » Et il fit ce qu’il avait dit. Ayant tout entassé dans la maison, il y mit le feu. Et tout flamba, l’avoir avec le fonds. Et le jeune garçon, s’étant aperçu que sa sœur avait réussi à cacher différents objets chez les voisins, pour les sauver du désastre, se mit à la recherche de