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les mille nuits et une nuit

Kaïria. Et elle vint baiser la main de sa maîtresse, et s’inclina devant moi cérémonieusement. Et la délectable princesse me dit : « Maintenant, ô Hassân, que tu sais que je m’appelle Suleika et non point Kaïria, m’aimeras-tu autant, et auras-tu pour une princesse les mêmes sentiments tendres que tu avais pour une simple favorite de princesse ? » Et moi, ô mon seigneur, je ne manquai point de faire la réponse qu’il fallait…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT QUATRE-VINGT-UNIÈME NUIT

Elle dit :

… Et moi, ô mon seigneur, je ne manquai point de faire la réponse qu’il fallait, en disant à Suleika que je ne pouvais concevoir l’excès de mon bonheur ni par quel endroit j’avais pu mériter qu’elle daignât abaisser son regard jusqu’à l’esclave que j’étais, et, par là, rendre ma destinée plus enviable que celle des fils des plus grands rois. Mais elle m’interrompit, pour me dire : « Ô Hassân, ne t’étonne point de ce que je fais pour toi. Ne t’ai-je point vu endormi, une nuit, sous les arbres, à la clarté de la lune ? Or, dès ce moment mon cœur fut subjugué par ta beauté, et je ne pus faire autrement