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les mille nuits et une nuit

Là-dessus on se mit à manger et à boire et à dire des folies et à se faire par en dessous des caresses et des cajoleries, jusqu’à ce qu’une vieille esclave entrât, qui avertit la compagnie que le jour allait bientôt paraître. Et toutes ensemble répondirent : « Ô nourrice de notre maîtresse, ton avis est sur notre tête et nos yeux ! » Et Suleika se leva en me disant : « Il est temps, ô Hassân, d’aller se reposer. Et tu peux compter sur ma protection pour arriver à t’unir avec ton amoureuse, car je n’épargnerai rien pour te faire arriver à la satisfaction de tes désirs. Mais pour le moment, nous allons te faire sortir sans bruit du harem. »

Et elle dit quelques mots à l’oreille de sa vieille nourrice, qui me regarda un instant au visage, et me prit la main en me disant de la suivre. Et moi, après m’être incliné devant cette troupe de colombes, et avoir jeté un coup d’œil passionné à la délectable Kaïria, je me laissai conduire par la vieille, qui me mena dans plusieurs galeries, et, par mille détours, me fit arriver à une petite porte dont elle avait la clef. Et elle ouvrit cette porte. Et je me glissai au dehors, et m’aperçus que j’étais hors de l’enceinte du palais.

Or, déjà le jour était levé, et je me hâtai de rentrer au palais par la grande porte, ostensiblement, de façon à être aperçu par les gardes. Et je courus à ma chambre, où, dès que j’en eus franchi le seuil, j’aperçus mon protecteur, le vizir, descendant de Loth, qui m’attendait à la limite de l’impatience et de l’inquiétude. Et il se leva vivement en me voyant entrer, et me serra dans ses bras, et m’embrassa