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histoire de la princesse suleika
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et leurs vapeurs empliront la salle. Et moi je chanterai sur ton cœur notre amour. »

Lorsqu’elle eut fini de chanter, elle tourna les yeux vers moi si tendrement, qu’oubliant soudain toute ma timidité et la présence de la fille du roi et de ses malicieuses compagnes, je me jetai aux pieds de Kaïria, transporté d’amour et à la limite du plaisir. Et de sentir le parfum qui s’exhalait de ses fins habits et la chaleur de sa chair sur moi, je fus dans une telle ivresse, que je la pris tout d’un coup dans mes bras, et me mis à la baiser partout où je pouvais, avec véhémence, tandis qu’elle se pâmait comme une tourterelle. Et je ne revins à la réalité qu’en entendant les grands éclats de rire que faisaient les jeunes filles, de me voir déchaîné comme un bélier à jeun depuis sa puberté…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT QUATRE-VINGTIÈME NUIT

Elle dit :

… Et je ne revins à la réalité qu’en entendant les grands éclats de rire que faisaient les jeunes filles, de me voir déchaîné comme un bélier à jeun depuis sa puberté.