Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 14, trad Mardrus, 1903.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
les rencontres d'al-rachid…
11

daient, qui criaient : « Place à notre maître, l’époux de la fille du puissant roi de la Chine et de la fille du puissant roi du Sind et de l’Inde ! » Et à la tête du cortège, sur un cheval qui portait sa race dans son allure, caracolait un émir ou, peut-être, un fils de roi, dont l’aspect était brillant et plein de noblesse. Et derrière lui, immédiatement, s’avançaient deux saïs qui conduisaient, par un licou de soie bleue, un chameau merveilleusement harnaché et chargé d’un palanquin où étaient assises, une à droite et l’autre à gauche, sous un dais de brocart rouge, et le visage recouvert d’un voile en soie orange, les deux adolescentes princières, épouses du cavalier. Et le cortège se fermait par une troupe de musiciens qui jouaient sur leurs instruments aux formes inconnues des airs indiens et chinois.

Et Haroun, émerveillé à la fois et surpris, dit à ses compagnons : « Voilà un notable étranger, comme il en vient rarement dans ma capitale. Et pourtant j’ai déjà reçu les rois et les princes et les émirs les plus fiers de la terre. Et les chefs des mécréants d’au delà des mers, ceux du pays des Francs et ceux des régions de l’extrême Occident, m’ont envoyé des ambassades et des députations. Mais nul de tous ceux que nous avons vus n’était comparable à celui-ci en faste et en beauté. » Puis il se tourna vers Massrour, son porte-glaive, et lui dit : « Hâte-toi, ô Massrour, de suivre ce cortège, afin de voir ce qu’il y a à voir, et de revenir me renseigner sans retard, au palais, après avoir toutefois pris soin d’inviter ce noble étranger à se présenter demain entre mes mains, à l’heure de