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les mille nuits et une nuit

abordé : « Ô notre sœur Kaïria, que tu as excellé ! Ô que tu as excellé ! Qu’il était beau l’enfant ! et vif ! » Et une autre dit : « Et rapide ! » Et une autre dit : « Et irritable ! » Et une autre dit : « Et galant ! » Et une autre dit : « Et charmant ! » Et une autre dit : « Et grand ! » Et une autre dit : « Et bien portant ! » Et une autre dit : « Et véhément ! » Et une autre dit : « Et surprenant ! » Et une autre dit : « Un sultan ! »

Et là-dessus, elles se mirent à faire de longs éclats de rire, tandis que moi j’étais à la limite de la gêne et de la confusion. Car, de ma vie, ô mon seigneur, je n’avais regardé une femme au visage, ni ne m’étais trouvé dans la société des femmes. Et celles-là étaient d’une effronterie et d’une audace qui n’avaient point d’exemple dans les annales de l’impudicité. Et je restai là, au milieu de leur délire, déconcerté, honteux et le nez allongé jusqu’à mes pieds, comme un sot.

Mais soudain, du bosquet des roses, sortit, comme la lune à son lever, une douzième adolescente, dont l’apparition fit subitement cesser tous les rires et toutes les railleries. Et sa beauté était souveraine et faisait s’incliner sur son passage les tiges des fleurs. Et elle s’avança vers notre groupe, qui s’ouvrit à son approche ; et elle me regarda longuement et me dit : « Certes, ô Hassân de Damas, ton audace est une grande audace, et ton attentat sur la jeune dame que voici mérite le châtiment. Et, par ma vie ! quel dommage pour ta jeunesse et ta beauté ! »

Alors l’adolescente qui avait été la cause de toute cette aventure, et qui se nommait Kaïria, s’avança et