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les mille nuits et une nuit

notre ville ! » Et je répondis, en m’inclinant : « Je suis de Damas, ô mon maître, et je suis venu à Schiraz pour m’éduquer auprès de ses habitants ! » Et le vizir, en entendant mes paroles, se dilata considérablement, et me serra dans ses bras, et me dit : « Ô les belles paroles de ta bouche, ô mon fils ! Quel âge as-tu ? » Et je répondis : « Ton esclave est dans sa seizième année ! » Et il se dilata encore davantage, car il descendait des compagnons de Loth, et me dit : « C’est le bel âge, ô mon enfant ! c’est le bel âge. Et si tu n’as rien de mieux à faire, viens avec moi au palais, et je te présenterai à notre roi qui aime les beaux visages, et qui te nommera parmi ses chambellans. Et certes ! tu seras la gloire des chambellans et leur couronne. » Et je lui dis : « Sur ma tête et sur mon œil, et j’écoute et j’obéis ! »

Alors il me prit par la main. Et nous fîmes route ensemble, en nous entretenant de choses et d’autres. Et il s’étonnait énormément de m’entendre parler le persan, langue qui n’était pas la mienne, avec aisance et pureté. Et il s’émerveillait de ma mine et de mon élégance. Et il me disait : « Par Allah ! si tous les jeunes gens de Damas sont comme toi, cette ville est une région du paradis, et la portion du ciel au-dessus de Damas est le paradis même ! » Et nous arrivâmes de la sorte au palais du roi Sabour-Schah, auprès duquel il m’introduisit, et qui, en effet, sourit à mon visage, et me dit : « Que le visage de Damas soit le bienvenu dans mon palais ! » Et il me dit : « Comment t’appelles-tu, ô bel adolescent ? » Et je répondis : « Ton esclave Hassân, ô roi du temps ! » Et, de m’avoir entendu parler de la