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histoire de la princesse suleika
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dération. Et, pour commencer, je ne voulus point vivre plus longtemps dans une ville qui avait été témoin de mes extravagances, et résolus de m’en aller vers le royaume de Perse, où m’attirait d’une attraction invincible la fameuse ville de Schiraz, dont j’avais souvent entendu mon père s’entretenir comme d’une ville où étaient réunies toutes les élégances de l’esprit et toutes les douceurs de la vie. Et je me dis : « Ô Hassân, dans cette ville de Schiraz, tu t’installeras comme marchand de pierreries, et tu feras la connaissance des hommes les plus délicieux de la terre. Et, comme tu sais parler le persan, cela ne te sera d’aucune difficulté ! »

Et je fis immédiatement ce que j’avais résolu de faire. Et Allah m’écrivit la sécurité, et, après un long voyage, j’arrivai sans encombre dans la ville de Schiraz, où régnait alors le grand roi Sabour-Schah.

Et je descendis dans le khân le mieux tenu de la ville, où je louai une belle chambre. Et, sans prendre le temps de me reposer, je changeai mes habits de voyage contre des vêtements neufs et fort beaux, et allai me promener à travers les rues et les souks de cette ville splendide.

Or, comme je venais de sortir de la grande mosquée en porcelaine, dont la beauté avait ému mon cœur et m’avait jeté dans l’extase de la prière, j’aperçus un vizir d’entre les vizirs du roi Sabour-Schah qui venait de mon côté. Et il m’aperçut également, et s’arrêta devant moi, me contemplant comme si j’étais un ange. Puis il m’aborda et me dit : « Ô le plus beau des adolescents, de quel pays es-tu ? Car je vois, à ton habit que tu es étranger à