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les mille nuits et une nuit

remarquai que, là où ma chute venait d’avoir lieu, le sol était jonché de ces cailloux brillants, et qu’il en tombait encore de l’arbre, précisément de l’endroit même d’où la branche s’était détachée. Et je remontai sur les deux grosses pierres, et je regardai de plus près la cassure. Et je vis, qu’à cet endroit, il y avait, non point un plein mais un creux, et que du creux s’échappaient de ces cailloux qui étaient des diamants, des émeraudes et d’autres pierres de toutes les couleurs.

À cette vue, ô mon seigneur, je compris la véritable signification des paroles de mon père, et je me les rappelai dans leur vraie valeur, en me souvenant que mon père, loin de m’avoir conseillé de me pendre, m’avait conseillé simplement de me suspendre à cette branche maîtresse de l’arbre, sachant par avance qu’elle céderait sous mon poids et mettrait à découvert le trésor qu’il avait lui-même enfoui à mon intention, en prévision des mauvais jours, dans le tronc évidé du vieil arbre.

Et, le cœur dilaté de joie, je courus chercher une hache dans la maison, et j’agrandis la cassure. Et je trouvai que tout le tronc immense du vieil arbre était creusé, et qu’il était rempli jusqu’à la base de rubis, de diamants, de turquoises, de perles, d’émeraudes, et de toutes les espèces de gemmes terrestres et marines.

Alors, moi, après avoir glorifié Allah pour ses bienfaits et béni en mon cœur la mémoire de mon père, dont la sagesse avait prévu mes folies et m’avait réservé ce salut inespéré, je détestai ma vie ancienne et mes habitudes de débauche et de prodigalité, et je résolus de devenir un homme de dignité et de pon-