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histoire de la princesse suleika
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Hassân, fils d’Abdallah, te voilà réduit à la misère par ta faute et non par la traîtrise du temps. Et il ne te reste plus, pour tout bien, que cette maison avec ce jardin. Et tu vas être obligé de les vendre, pour subsister quelque temps encore. Après quoi tu seras réduit à la mendicité, car tes amis t’abandonneront, et nul n’accordera de crédit à quelqu’un qui a ruiné sa maison avec ses propres mains ! »

Et je me souvins alors des paroles dernières de mon père, que je trouvai, cette fois, judicieuses, en me disant : « Certes ! il vaut mieux mourir par pendaison que de demander l’aumône sur les chemins ! »

Et, pensant ainsi, je pris une grosse corde, et descendis au jardin. Et, résolu à me pendre, je me dirigeai vers l’arbre en question, je cherchai la branche maîtresse, et l’ayant atteinte, en mettant deux grosses pierres au pied du vieil arbre, j’y attachai la corde par un bout. Et je fis avec l’autre bout un nœud coulant que je me passai au cou ; et, demandant pardon à Allah de mon acte, je m’élançai en l’air de dessus les deux pierres. Et déjà je me balançais étranglé, quand la branche, cédant sous mon poids, craqua et se détacha du tronc. Et je tombai sur le sol avec elle, avant que la vie eût quitté mon corps.

Et, lorsque je fus revenu de la sorte d’évanouissement où j’étais, et que j’eus compris que je n’étais pas mort, je fus très mortifié d’avoir dépensé un tel effort de volonté pour aboutir à cet échec final. Et déjà je me levais pour répéter mon acte criminel, quand je vis un caillou tomber de l’arbre, et je m’aperçus que ce caillou brûlait sur le sol comme un charbon ardent. Et, à ma grande surprise, je