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histoire de la princesse suleika
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MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME NUIT

La petite Doniazade se leva du tapis où elle était blottie et embrassa sa sœur et lui dit : « Ô Schahrazade, de grâce ! hâte-toi de nous raconter l’histoire que tu as commencée, et qui est celle de la princesse Suleika. » Et Schahrazade dit : « De tout cœur amical et comme hommage dû à ce Roi doué de bonnes manières. » Et elle dit :

Le vizir du roi de Damas continua de la sorte l’histoire qu’il racontait à son maître :

Lorsque, ô mon seigneur, j’eus appris, grâce aux leçons de mes maîtres, toutes les sciences de mon temps, ainsi que les dialectes de notre langue et le parler des Persans, des Grecs, des Tatars, des Kurdes, des Indiens et des Chinois, et que, grâce à la méthode excellente de mes maîtres, j’eus retenu tout ce que j’avais appris, mon père, tranquillisé sur mon sort, vit sans amertume s’approcher pour lui le moment écrit pour le terme de la vie de chaque créature. Et, avant que de trépasser dans la miséricorde de son Seigneur, il m’appela près de lui et me dit : « Ô mon fils, voici que la Séparatrice va couper le lien de ma vie, et tu vas demeurer sans tête directrice dans la mer des événements. Mais je me console de te laisser seul, en songeant que tu sauras, grâce à l’éducation que tu as reçue, hâter l’approche de la destinée favo-