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les rencontres… (l’aveugle…)
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haitais, car le derviche me céda, sans aucune résistance, les dix chameaux que je lui demandais, de manière qu’il ne lui en resta plus que dix, et que je me vis maître de soixante-dix chameaux avec leurs charges, dont la valeur surpassait les richesses de tous les rois réunis de la terre.

Or, après cela, il semble, ô émir des Croyants, que je devais avoir lieu d’être satisfait. Eh bien, pas du tout ! Et mon œil resta vide comme auparavant, sinon davantage, et mon avidité ne fit que croître avec mes acquisitions. Et je me mis à redoubler mes sollicitations, mes prières et mes importunités, pour décider le derviche à mettre le comble à sa générosité en condescendant à me céder les dix chameaux qui lui restaient. Et je l’embrassai et lui baisai les mains et fis tant et tant qu’il n’eût pas la force de me les refuser, et m’annonça qu’ils m’appartenaient, en me disant : « Ô mon frère Baba-Abdallah, fais un bon usage des richesses qui te viennent du Rétributeur, et souviens-toi du derviche qui t’a rencontré sur le tournant de ta destinée…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT SOIXANTE-SEIZIÈME NUIT

Elle dit :

« … Ô mon frère Baba-Abdallah, fais un bon usage