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les rencontres… (l’aveugle…)
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Or donc, je vis le derviche s’approcher de la jarre précieuse en question, et en soulever le couvercle. Et il y prit un petit pot en or qu’il mit dans son sein. Et comme je le regardais avec une sorte d’interrogation dans les yeux, il me dit : « Ce n’est rien, cela ! Un peu de pommade pour les yeux ! » Et il ne m’en dit pas davantage. Et comme, poussé par la curiosité, je voulais à mon tour m’avancer pour prendre de cette pommade bonne pour les yeux, il m’en empêcha, disant : « C’est assez pour aujourd’hui, et il est temps que nous sortions d’ici. » Et il me poussa vers la sortie, et prononça certaines paroles que je ne compris pas. Et aussitôt les deux parties du rocher se rejoignirent, et, à la place de l’ouverture béante, une muraille se fit qui était aussi lisse que si elle venait d’être taillée à même la pierre de la montagne.

Et le derviche se tourna alors de mon côté et me dit : « Ô Baba-Abdallah, nous allons maintenant sortir de ce vallon. Et une fois que nous serons arrivés à l’endroit où nous nous sommes rencontrés, nous diviserons notre butin en toute équité, et nous nous le partagerons en partage amical. »

Et là-dessus, je fis se lever mes chameaux. Et nous défilâmes en bon ordre par où nous étions entrés dans le vallon, et nous marchâmes ensemble jusqu’au chemin des caravanes, où nous devions nous séparer pour aller chacun en sa voie, moi vers Baghdad et le derviche vers Bassra. Mais en route je m’étais dit, en songeant au partage en question : « Par Allah ! ce derviche en demande bien trop pour ce qu’il a fait. Il est vrai que c’est lui qui m’a révélé