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les rencontres… (le maître d’école…)
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fit éternuer. Et je ne pus réprimer mon éternuement. Et mes écoliers, soit involontairement, soit par habitude, soit par malice, d’un même mouvement lâchèrent la corde et, ainsi qu’ils le faisaient à l’école, croisèrent leurs bras et s’écrièrent tous à la fois : « La bénédiction ! la bénédiction ! » Mais je ne pus guère leur répondre, en l’occurrence, car je tombai lourdement au fond du puits. Et, comme l’eau n’était guère profonde, je ne me noyai pas, mais me cassai les deux jambes et l’épaule, tandis que les élèves, épouvantés de leur méfait ou de leur étourderie, je ne sais, s’enfuyaient livrant leurs jambes au vent. Et je jetai de tels cris de douleur que quelques passants, attirés de ce côté-là, me retirèrent du puits. Et, comme j’étais dans un état pitoyable, ils me placèrent sur un âne, et me ramenèrent à la maison, où je languis pendant un temps considérable. Mais jamais je ne guéris de mon accident. Et je ne pus guère me remettre à exercer ma profession de maître d’école.

Et c’est pourquoi, ô émir des Croyants, je fus obligé de mendier pour faire subsister ma femme et mes enfants.

Et c’est ainsi que tu as pu me voir et me secourir généreusement sur le pont de Baghdad.

Et telle est mon histoire !

Et lorsque le maître d’école estropié à la bouche fendue, eut fini de raconter de la sorte la cause de son estropiement et de son infirmité, Massrour le porte-glaive le fit rentrer dans le rang. Et l’aveugle qui se faisait souffleter sur le pont s’avança, en tâ-