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les mille nuits et une nuit

trique. Aussi avais-je fini par leur enseigner à me respecter tellement, que lorsqu’il m’arrivait d’éternuer, ils quittaient à l’instant leurs livres et leurs cahiers, se mettaient debout sur leurs deux pieds, les bras croisés, et s’inclinaient devant moi jusqu’à terre, en s’écriant d’un commun accord : « La bénédiction ! la bénédiction ! » Et moi je répondais, comme de raison : » Et sur vous le pardon ! et sur vous le pardon ! » Et je leur enseignais également mille autres choses, plus profitables les unes que les autres et aussi instructives. Car je ne voulais pas que l’argent fût dépensé en vain, que me donnaient leurs parents pour leur éducation. Et j’espérais de la sorte en faire d’excellents sujets et des commerçants respectables.

Or, un jour je les menai à la promenade, le jour de la sortie, un peu plus loin que de coutume. Et d’avoir longtemps marché, nous fûmes tous grandement altérés. Et comme nous étions précisément arrivés devant un puits, je résolus d’y descendre pour étancher ma soif à l’eau fraîche qu’il contenait, et en rapporter un seau, si je le pouvais, pour les élèves.

Et donc, comme il n’y avait pas de corde, je pris tous les turbans des élèves et, en ayant fait une corde assez longue, je m’y attachai par le milieu du corps, et ordonnai à mes élèves de me descendre dans le puits. Et ils m’obéirent aussitôt. Et je me vis suspendu à l’orifice du puits. Et ils me descendirent avec précaution, de peur que ma tête ne se heurtât à la pierre. Et voici que le passage de la chaleur à la fraîcheur et de la lumière à l’obscurité me