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les rencontres… (le cheikh…)
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turban, je reconnus, à n’en pouvoir douter, qu’il était celui même que m’avait enlevé autrefois l’épervier voleur. Et je me tournai vers mes hôtes, et leur dis : « Ô mes maîtres, vous souvenez-vous encore du turban que je portais le jour que Si Saâd me fit don des premiers deux cents dinars ? » Et ils répondirent : « Non, par Allah ! nous ne nous en souvenons pas exactement. » Et Si Saâd ajouta : « Mais je le reconnaîtrais certainement si les cent quatre-vingt-dix dinars s’y trouvaient ! » Et je répondis : « Ô mes maîtres, n’en doutez pas ! » Et j’enlevai les petits oiseaux, que je donnai aux enfants, et défis le nid, et déroulai le turban dans toute sa longueur. Et, tout au bout, intacte et nouée comme je l’avais nouée, pendait la bourse de Si Saâd avec les dinars qu’elle contenait.

Et mes deux hôtes n’étaient pas encore revenus de leur étonnement, qu’un de mes palefreniers entra en tenant entre les mains un vase de son, que je reconnus aussitôt pour celui que ma femme avait autrefois cédé au marchand de terre à décrasser les cheveux. Et il me dit : « Ô mon maître, ce vase, que j’ai acheté aujourd’hui au souk, car j’avais oublié de prendre avec moi la pitance du cheval que je montais, contient un sac noué que j’apporte entre tes mains. » Et nous reconnûmes la seconde bourse de Si Saâd.

Et, depuis ce temps-là, ô émir des Croyants, nous vécûmes tous trois en amis, convaincus désormais de la puissance de la destinée et émerveillés des voies dont elle se sert pour accomplir ses décrets.

Et, comme les biens d’Allah doivent revenir à