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les mille nuits et une nuit

leur fit traverser une forêt d’orangers et de citronniers chargés de fruits et dont les racines se rafraîchissaient à une eau vive qui coulait perpétuellement dans une rigole prenant sa source à la rivière. Et quand ils arrivèrent à la salle de réception, ils étaient déjà sous l’enchantement de la fraîcheur, de l’ombrage, du murmure de l’eau et du chant des oiseaux.

Et moi, dès que l’un de mes esclaves m’eut annoncé leur arrivée, je vins à leur rencontre avec empressement et voulus leur prendre le bord de la robe pour la baiser. Mais ils m’en empêchèrent, et m’embrassèrent comme si j’étais leur frère, et je les invitai à prendre place dans le kiosque qui avançait sur le jardin, en les priant de s’asseoir à la place d’honneur, qui leur était due. Et je m’assis un peu plus loin, comme il fallait.

Et, après leur avoir fait servir les sorbets et les rafraîchissements, je leur racontai tout ce qui m’était arrivé, de point en point, sans oublier le moindre détail. Mais il n’y a point d’utilité à le répéter. Et Si Saâdi, à la limite de l’épanouissement, se tourna vers son ami et lui dit : « Tu vois, ô Si Saâd ! » Et il ne lui dit rien de plus.

Et ils n’étaient pas encore revenus de l’émerveillement où les avait jetés mon histoire, que deux de mes enfants, qui s’amusaient dans le jardin, entrèrent soudain en tenant entre leurs mains un grand nid d’oiseau que venait de dénicher à leur intention, au haut d’un dattier, l’esclave qui surveillait leurs jeux. Et nous fûmes fort étonnés de voir que ce nid, qui contenait quelques jeunes éperviers, était installé dans un turban. Et moi, ayant examiné de plus près ce