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le trésor sans fond
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de lui, en souriant, et l’embrassa comme un fils. Et il voulut aller lui-même au hammam avec lui, honneur qu’il n’avait encore accordé à personne depuis son avènement au trône. Et, après le bain, pendant qu’on leur servait des sorbets, des blancs-mangers et des fruits, une esclave vint chanter, qui était nouvellement arrivée au palais. Mais Aboulcassem n’eût pas plus tôt regardé au visage la jeune esclave, qu’il poussa un grand cri et tomba évanoui. Et Al-Rachid, prompt à le secourir, le prit entre ses bras et lui fit peu à peu reprendre ses sens.

Or, la jeune chanteuse n’était autre que l’ancienne favorite du sultan du Caire, qu’un pêcheur avait retirée des eaux du Nil et avait vendue à un marchand d’esclaves. Et ce marchand, après l’avoir tenue longtemps cachée dans son harem, l’avait conduite à Baghdad et vendue à l’épouse de l’émir des Croyants.

Et c’est ainsi qu’Aboulcassem, devenu roi de Bassra, retrouva sa bien-aimée et put désormais vivre avec elle dans les délices, jusqu’à l’arrivée de la Destructrice des plaisirs, la Bâtisseuse inexorable des tombeaux !

— Mais ne crois point, ô Roi, continua Schahrazade que cette histoire soit de près ou de loin aussi étonnante et aussi pleine d’utilité morale que l’Histoire compliquée de l’Adultérin sympathique ! » Et le roi Schahriar, fronçant ses sourcils, demanda : « De quel Adultérin veux-tu parler, Schahrazade ? » Et la fille du vizir répondit : « De celui précisément dont je vais, ô Roi, te conter la vie mouvementée !»

Et elle dit :