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le trésor sans fond
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autres semblables. Et je te jure par le Créateur du ciel et de la terre que tu ne te repentiras pas d’avoir satisfait ma curiosité. D’ailleurs j’approuve tes précautions, et suis loin de t’en savoir mauvais gré ! »

Là-dessus, Aboulcassem lui mit un bandeau sur les yeux, et, le prenant par la main, le fit descendre, par un escalier dérobé, dans un jardin d’une vaste étendue. Et là, après plusieurs détours dans les allées qui s’entrecroisaient, il le fit pénétrer dans un profond et spacieux souterrain dont une grande pierre, à ras du sol, couvrait l’entrée. Et d’abord ce fut un long corridor en pente, qui s’ouvrait dans une grande salle sonore. Et Aboulcassem ôta le bandeau au khalifat qui vit avec émerveillement cette salle éclairée par la seule lueur des escarboucles dont toutes les parois ainsi que le plafond étaient incrustés. Et un bassin d’albâtre blanc, de cent pieds de circonférence, se voyait au milieu de cette salle, plein de pièces d’or et de tous les joyaux que peut rêver le cerveau le plus exalté. Et tout autour de ce bassin douze colonnes d’or, qui soutenaient autant de statues en gemmes de douze couleurs, jaillissaient comme des fleurs sorties d’un sol miraculeux.

Et Aboulcassem conduisit le khalifat au bord du bassin et lui dit : « Tu vois cet amas de dinars d’or et de joyaux de toutes les formes et de toutes les couleurs. Eh bien, il n’a encore baissé que de deux travers de doigt, alors que la profondeur du bassin est insondable ! Mais ce n’est pas fini ! » Et il le conduisit dans une seconde salle, semblable à la première par l’étincellement de ses parois, mais plus vaste encore, avec, en son milieu, un bassin plein