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les mille nuits et une nuit

tune qui t’étonne, je le vois, et dont personne autre que toi ne soupçonne l’étendue ! »

Lorsque le jeune Aboulcassem eut fini de parler, le khalifat, à la limite du désir de voir le merveilleux trésor, dit à son hôte : « Ô généreux Aboulcassem, est-il réellement possible qu’il y ait au monde un trésor que ta générosité ne soit pas capable d’épuiser bientôt ? Non, par Allah ! je ne puis le croire, et si ce n’était pas trop exiger de toi, je te prierais de me le montrer, en te jurant par les droits sacrés de l’hospitalité sur ma tête et par tout ce qui peut rendre un serment inviolable, que je n’abuserai point de ta confiance et que tôt ou tard je saurai reconnaître cette faveur unique. »

À ces paroles du khalifat, Aboulcassem devint bien changé quant à son teint et à sa physionomie, et répondit d’un ton attristé : « Je suis bien affligé, seigneur, que tu aies cette curiosité que je ne puis satisfaire qu’à des conditions fort désagréables, puisque je ne puis me résoudre à te laisser partir de ma maison avec un désir rentré et un souhait inexaucé. Ainsi, il faudra que je te bande les yeux et que je te conduise, toi sans armes et la tête nue, et moi le cimeterre à la main, prêt à t’en frapper si tu essaies de violer les lois de l’hospitalité. D’ailleurs je sais bien que, même en agissant de la sorte, je commets une grande imprudence, et que je ne devrais pas céder à ton envie. Enfin, qu’il soit fait selon ce qui est écrit pour nous en ce jour béni ! Es-tu prêt à accepter mes conditions ? » Il répondit : « Je suis prêt à te suivre, et j’accepte ces conditions et mille