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les mille nuits et une nuit

devant de tout ce qui pouvait lui faire plaisir. Ainsi, par exemple, au lieu d’aller m’amuser avec les jeunes gens de mon âge, je lui tenais compagnie, sachant qu’il aurait pris ombrage de la moindre chose ou du moindre geste qui ne lui eût pas été destiné.

Or, au bout d’une année, mon protecteur fut atteint, par l’ordre d’Allah, d’une maladie qui le mit à l’extrémité, tous les médecins ayant désespéré de le guérir. Aussi se hâta-t-il de me mander près de lui ; et il me dit : « La bénédiction est sur toi, ô mon fils Aboulcassem. Tu m’as donné du bonheur pendant l’espace d’une année entière, alors que la plupart des hommes peuvent à peine compter un jour heureux durant toute leur vie. Il est donc temps, avant que la Séparatrice vienne s’arrêter à mon chevet, que je sois quitte de trop grandes dettes envers toi. Sache donc, mon fils, que j’ai à te révéler un secret dont la possession va le rendre plus riche que tous les rois de la terre. Si, en effet, je n’avais pour tout bien que cette maison avec les richesses qu’elle contient, je croirais ne te laisser qu’une fortune trop minime ; mais tous les biens que j’ai amassés pendant le cours de ma vie, quoique considérables pour un marchand, ne sont rien en comparaison du trésor que je veux te découvrir. Je ne te dirai pas depuis quel temps, par qui ni de quelle manière le trésor se trouve dans notre maison, car je l’ignore. Tout ce que je sais, c’est qu’il est fort ancien. Mon aïeul, en mourant, le découvrit à mon père, qui me fit aussi la même confidence peu de jours avant sa mort ! »

Et, ayant ainsi parlé, le vieillard se pencha à mon