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les mille nuits et une nuit

rait d’enseignement à qui la lirait avec attention ! »

Et, ayant ainsi parlé, le jeune Aboulcassem prit son hôte par la main, et le conduisit dans une salle pleine de fraîcheur, où plusieurs cassolettes très douces parfumaient l’air et où se voyait un large trône d’or avec de riches tapis de pied. Et le jeune homme fit monter Haroun sur le trône, s’assit à ses côtés et commença de la manière suivante son histoire :

« Sache, ô mon maître — Allah est notre maître à tous ! — que je suis fils d’un grand joaillier, originaire du Caire, qui s’appelait Abdelaziz. Mais mon père, bien que né au Caire comme son père et son grand-père, n’a point vécu toute sa vie dans sa ville natale. Car il possédait tant de richesses que, craignant d’attirer sur lui l’envie et la cupidité du sultan d’Égypte qui, en ce temps-là, était un tyran sans remède, il se vit obligé de quitter son pays et de venir s’établir dans cette ville de Bassra, à l’ombre tutélaire des Bani-Abbas — qu’Allah répande sur eux Ses bénédictions ! Et mon père ne tarda pas à épouser la fille unique du plus riche marchand de la ville. Et je suis né de ce mariage béni. Et avant moi et après moi nul autre fruit ne vint s’ajouter à la généalogie. De telle sorte que, jouissant de tous les biens de mon père et de ma mère après leur mort — qu’Allah leur accorde le salut et soit satisfait d’eux ! — j’eus, tout jeune encore, à gérer une grande fortune en biens de toutes sortes et en richesses…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.