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le trésor sans fond
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un autre garçon, non moins aimable et beau, chargé de l’arbre d’émeraude et du paon.

Or, dès qu’il eut franchi la porte du khân, tous les esclaves se prosternèrent sur le sol, et l’exquise jeune fille s’avança entre ses mains et lui présenta, sur un coussin de brocart, un rouleau de papier de soie. Et Al-Rachid, bien que fort surpris de tout cela, prit la feuille, la déroula, et vit qu’elle contenait ces lignes :

« La paix et la bénédiction sur l’hôte charmant dont la venue honora notre demeure et la parfuma. Et ensuite ! Puisses-tu, ô père des convives gracieux, abaisser ta vue vers les quelques objets sans valeur qu’envoie vers ta seigneurie notre main de peu de portée, et les agréer de notre part comme le faible hommage de notre féalité à l’égard de celui qui a illuminé notre toit. Nous avons en effet remarqué que les divers esclaves qui forment le cortège, les deux jeunes garçons et la jeune fille, ainsi que l’arbre, la coupe et le paon n’ont pas déplu d’une façon particulière à notre convive ; et c’est pourquoi nous le supplions de les considérer comme lui ayant toujours appartenu. D’ailleurs tout vient d’Allah et vers Lui tout retourne. Ouassalam ! »

Lorsqu’Al-Rachid eut achevé de lire cette lettre, et qu’il en eut compris tout le sens et toute la portée, il fut extrêmement émerveillé d’une telle largesse de paume, et s’écria : « Par les mérites de mes ancêtres — qu’Allah honore leurs visages ! — je conviens que j’ai bien mal jugé du jeune Aboulcassem ! Qu’es-tu, libéralité d’Al-Rachid, à côté d’une telle