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le trésor sans fond
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rifiait celui qui l’avait façonné. Et Aboulcassem, ayant posé cet arbre aux pieds du khalifat, frappa de sa baguette la tête du paon. Et aussitôt le bel oiseau étendit ses ailes et déploya la splendeur de sa queue, et se mit à tourner avec vitesse sur lui-même. Et à mesure qu’il tournait, des parfums d’ambre, de nadd, d’esprit d’aloès et d’autres senteurs dont il était rempli, sortaient de tous côtés en jets ténus et embaumaient toute la salle.

Mais brusquement, pendant que Haroun était occupé à considérer l’arbre et le paon et à s’en émerveiller, Aboulcassem les prit l’un et l’autre et les emporta. Et Haroun se sentit fort piqué de cette action inattendue, et dit en lui-même : « Par Allah ! quelle chose étrange ! Et que signifie tout cela ? Est-ce ainsi que se comportent les hôtes à l’égard de leurs invités ? Ce jeune homme, ce me semble, ne sait pas si bien faire les choses que Giafar me le donnait à penser. Il m’enlève cet arbre et ce paon quand il me voit précisément occupé à les regarder. Il doit, sans aucun doute, avoir peur que je le prie de m’en faire présent. Ah ! je ne suis pas fâché de contrôler par moi-même cette fameuse générosité qui, d’après mon vizir, n’a pas sa pareille dans le monde ! »

Pendant que ces pensées se présentaient à son esprit, le jeune Aboulcassem rentra dans la salle. Et il était accompagné d’un petit esclave aussi beau que le soleil. Et cet aimable enfant avait une robe de brocart d’or relevé de perles et de diamants. Et il tenait dans sa main une coupe faite d’un seul rubis et remplie d’un vin couleur de pourpre. Et il s’approcha de Haroun, et, après avoir embrassé la terre