Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
les mille nuits et une nuit

sur chaque langue un trésor d’éloquence, je ne pourrais te conter comme il sied l’admirable générosité du seigneur Aboulcassem ! » Puis, comme d’autres marchands voyageurs arrivaient avec leurs ballots, le portier du khân n’eut pas le loisir d’en dire plus long. Et Haroun fut bien obligé de s’éloigner, et monta se restaurer et prendre quelque repos, cette nuit-là.

Mais le lendemain, de grand matin, il sortit du khân et alla se promener dans les souks. Et lorsque les marchands eurent ouvert leurs boutiques, il s’approcha de l’un d’eux, celui qui lui paraissait le plus important, et le pria de lui indiquer le chemin qui conduisait à la demeure d’Aboulcassem. Et le marchand, bien étonné, lui dit : « De quel pays lointain peux-tu bien arriver, pour ignorer la demeure du seigneur Aboulcassem. Il est plus connu ici que jamais roi ne l’a été au milieu de son propre empire ! » Et Haroun convint qu’il arrivait en effet de fort loin, mais que le but de son voyage était précisément de faire la connaissance du seigneur Aboulcassem. Alors le marchand ordonna à un de ses garçons de lui servir de guide, en lui disant : « Conduis cet honorable étranger au palais de notre magnifique seigneur ! »

Or, ce palais était un admirable palais. Et il était entièrement bâti de pierres de taille en marbre jaspé, avec des portes de jade vert. Et Haroun fut émerveillé de l’harmonie de sa construction ; et il vit, en entrant dans la cour, une foule de jeunes esclaves, blancs et noirs, élégamment habillés, qui s’amusaient à jouer en attendant les ordres de leur maître.