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le trésor sans fond
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dis vrai, ô Zobéida. Certes ! je dois cette justice à un homme tel que le fils de mon serviteur Yahia. Et même, comme je ne puis avoir pleine confiance dans le rapport que me ferait celui que j’enverrais à Bassra, je veux aller moi-même dans cette ville, contrôler la chose. Et je ferai connaissance avec cet Aboulcassem-là. Et je jure qu’il en coûtera la tête à Giafar s’il m’a exagéré la générosité de ce jeune homme, ou s’il m’a fait un mensonge. »

Et, sans tarder davantage à exécuter son projet, Haroun se leva à l’heure et à l’instant, et, sans vouloir écouter ce que lui disait Sett Zobéida pour l’engager à ne point faire tout seul ce voyage, il se déguisa en marchand de l’Irak, recommanda à son épouse de veiller pendant son absence aux affaires du royaume et, sortant du palais par une porte secrète, il quitta Baghdad.

Et Allah lui écrivit la sécurité ; et il arriva à Bassra sans encombre, et descendit dans le grand khân des marchands. Et là, avant même de prendre le temps de se reposer et de manger un morceau, il se hâta d’interroger le portier du khân sur ce qui l’intéressait, en lui demandant, après les formules du salam : « Est-il vrai, ô cheikh, qu’il y a dans cette ville un jeune homme appelé Aboulcassem, qui surpasse les rois en générosité, en largesse de paume et en magnificence ? » Et le vieux portier, hochant la tête d’un air pénétré, répondit : « Allah fasse descendre sur lui Ses bénédictions ! Quel est l’homme qui n’a pas ressenti les effets de sa générosité ? Pour ma part, ya sidi, quand j’aurais dans ma figure cent bouches et dans chacune cent langues, et