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les mille nuits et une nuit

s’enfuir, quand celui qui paraissait être le chef des fellahs s’approcha de lui, lui enleva sa couronne et ses attributs, qu’il jeta dans la mer en disant : « O pauvre ! pourquoi toute cette ferraille ! Il fait bien chaud pour se couvrir ainsi ! Tiens, ô pauvre ! voici des vêtements semblables aux nôtres ! » Et l’ayant mis nu, il le revêtit d’une robe en cotonnade bleue, lui passa aux pieds une paire de vieilles babouches jaunes à semelles en cuir d’hippopotame, et le coiffa d’un tout petit bonnet en feutre couleur d’étourneau. Et il lui dit : « Allons, ô pauvre, viens travailler avec nous, si tu ne veux pas mourir de faim ici, où tout le monde travaille ! » Mais sultan Mahmoud dit : « Je ne sais pas travailler ! » Et le fellah lui dit : « En ce cas, tu nous serviras de portefaix et d’âne, tout à la fois…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vil apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT VINGT ET UNIÈME NUIT

Elle dit :

« … tu nous serviras de portefaix et d’âne, tout à la fois ! » Et, comme ils avaient déjà fini leur journée de travail, ils furent bien aises de charger un autre dos que le leur du poids de leurs instruments de labour. Et sultan Mahmoud, ployant sous le faix des