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les mille nuits et une nuit

sur les sillons de la terre, et celui des nomades perdus dans les déserts sans eau.

Or, un jour que, les yeux noyés dans le noir des songes, il était dans un abattement plus accentué qu’à l’ordinaire, refusant de manger, de boire et de s’occuper des affaires du règne et ne souhaitant que de mourir, le grand-vizir entra dans la chambre où il était étendu, la tête dans les mains, et, après les hommages rendus, il lui dit : « Ô mon maître souverain, voici qu’à la porte, sollicitant une audience, se trouve un très vieux cheikh venu des pays de l’extrême Occident, du fond du Maghreb lointain. Et, si je dois en juger par ma conversation avec lui et par les quelques paroles que j’ai entendues de sa bouche, il est, sans aucun doute, le savant le plus prodigieux, le médecin le plus extraordinaire et le magicien le plus étonnant qui ait vécu parmi les hommes. Et c’est parce que je sais mon souverain en proie à la tristesse et l’abattement, que je voudrais que ce cheikh obtînt la permission d’entrer, dans l’espoir que son approche contribuera à chasser les pensées qui pèsent sur les visions de notre roi ! » Et le sultan Mahmoud fit de la tête un signe d’assentiment, et aussitôt le grand-vizir introduisit dans la salle du trône le cheikh étranger…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.