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LES DEUX VIES DU SULTAN MAHMOUD


Elle dit :

Il m’est revenu, ô Roi fortuné, que le sultan Mahmoud, qui fut un des plus sages et des plus glorieux d’entre les sultans d’Égypte, s’asseyait souvent seul dans son palais, en proie à des accès de tristesse sans cause, durant lesquels le monde entier noircissait devant son visage. Et, à ces moments-là, la vie lui semblait pleine de fadeur et dénuée de toute signification. Et, pourtant, rien ne lui manquait des choses qui eussent fait le bonheur des créatures ; car Allah lui avait, sans compter, octroyé la santé, la jeunesse, la puissance et la gloire, et lui avait donné, comme capitale de son empire, la ville la plus délicieuse de l’univers, où il avait, pour se réjouir l’âme et les sens, l’aspect de la beauté de la terre, de la beauté du ciel et de la beauté des femmes dorées comme les eaux du Nil. Mais tout cela s’effaçait à ses yeux durant ses royales tristesses ; et il enviait alors le sort des fellahs courbés