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histoire de gerbe-de-perles
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con que voici un grain de musc, et de le mettre devant la porte de chaque appartement ; car telle est, tous les soirs, l’habitude du khalifat lorsqu’il traverse la galerie du harem. Et une fois que tu seras arrivé devant la porte dont le seuil est de marbre bleu, tu l’ouvriras sans frapper, et tu seras dans les bras de ma maîtresse ! » Puis il ajouta : « Quant à ta sortie de là, après l’entrevue, Allah y pourvoiera ! » Et, m’ayant donné ces instructions, il me quitta en me souhaitant la réussite, et disparut.

Alors moi, ô mon seigneur, bien que je ne fusse pas habitué à ces sortes d’aventures et que ce fût mon début dans la complication, je n’hésitai pas à me revêtir de l’habillement du khalifat et, comme si j’eusse habité toute ma vie le palais et que j’y fusse né, je me mis hardiment en marche à travers les cours et les colonnades, et j’arrivai dans la galerie des appartements réservés au harem. Et aussitôt je tirai de ma poche le flacon qui contenait les grains de musc, et, selon les instructions du petit eunuque, je ne manquai pas, en arrivant devant chaque porte de favorite, de déposer un grain de musc sur le petit plateau de porcelaine qui était placé là à cet effet. Et j’arrivai de la sorte devant la porte dont le seuil était de marbre bleu. Et je me disposais à la pousser pour pénétrer chez la tant désirée, en me félicitant de n’avoir été jusque-là reconnu par personne, quand j’entendis tout à coup une grande rumeur et, au même moment, j’aperçus la clarté d’un grand nombre de flambeaux. Or, c’était le khalifat Al-Môtawakkil, en personne, entouré de la foule de ses courtisans et de sa suite habituelle. Et je n’eus que le