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histoire de gerbe-de-perles
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beau que la lune du mois de Ramadân. Et, après qu’il nous eut gentiment salué, il dit au tailleur, en lui montrant une petite veste de brocart : « Combien cette veste de brocart, ô cheikh Ali ? J’en ai précisément besoin, afin d’accompagner dans ses courses ma maîtresse Gerbe-de-Perles ! » Et moi aussitôt je détachai la veste de l’endroit où elle était, et la lui remis en disant : « Elle est payée, et t’appartient ! » Et l’enfant me regarda en souriant de côté, tout comme sa maîtresse, et me dit en me prenant par la main et en s’écartant avec moi : « Tu es sans aucun doute Abou’l Hassân Ali ibn-Ahmad Al-Khorassani. » Et moi, à la limite de l’étonnement de voir tant de sagacité déjà chez un enfant, et de m’entendre appeler par mon nom, je lui mis au doigt un anneau de prix, que je retirai du mien, et répondis : « Tu dis vrai, ô charmant jouvenceau. Mais qui t’a révélé mon nom ? » Il dit : « Par Allah, comment ne le connaîtrais-je pas, alors que ma maîtresse le prononce tant de fois par jour devant moi, depuis le temps qu’elle est amoureuse d’Abou’l Hassân Ali, le magnifique seigneur ? Par les mérites du Prophète — sur Lui les grâces et les bénédictions — si tu es aussi amoureux de ma maîtresse qu’elle l’est de toi, tu me trouveras tout prêt à te seconder pour arriver jusqu’à elle ! »

Alors moi, ô émir des Croyants, je jurai à l’enfant, par les serments les plus sacrés, que j’étais éperdument amoureux de sa maîtresse, et que certainement je mourrais si je ne la voyais pas tout de suite…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.