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histoire de gerbe-de-perles
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serve des mauvaises affaires et des clients de mauvaise foi ! Mais quel que soit le malheur qui a pu survenir, il n’est point sans recours, puisque tu es en bonne santé ! » Et je lui dis : « Non, par Allah, ô vénérable oncle, je n’ai point fait de mauvaises affaires, et n’ai point été la dupe de la mauvaise foi d’autrui. Mais ma vie a changé de face tout simplement. Et la complication est entrée chez moi avec le passage d’une jouvencelle de quatorze ans. » Et je lui racontai ce qui m’était arrivé, sans en oublier un détail. Et je lui dépeignis, comme si elle se fût trouvée là, la ravisseuse de mon cœur.

Et le vénérable cheikh, après avoir réfléchi un moment, me dit : « Certes ! l’affaire est compliquée. Mais elle n’est pas au-dessus du savoir-faire de ton vieil esclave, ô mon maître. J’ai en effet, parmi mes connaissances, un homme qui loge dans le palais même du khalifat Al-Môtawakkil, vu qu’il est le tailleur des fonctionnaires et des eunuques. Je vais donc aller te présenter à lui ; et tu lui commanderas quelque travail que tu rémunéreras généreusement. Et il te sera alors d’une grande utilité ! » Et, sans tarder, il me conduisit au palais et entra avec moi chez le tailleur, qui nous reçut avec affabilité. Et moi, pour inaugurer mes commandes de vêtements, je lui montrai une de mes poches que j’avais pris soin de découdre en route, et le priai de me la recoudre d’urgence. Et le tailleur s’exécuta de bonne grâce. Et moi, pour rémunérer son travail, je lui glissai dans la main dix dinars d’or, en m’excusant du peu, et lui promettant de le dédommager largement à la seconde commande. Et le tailleur ne